Tuesday, October 09, 2007

Cet été, j’ai eu l’occasion, avec d’autres géologues français, de réaliser une petite excursion en Mongolie orientale, afin de mieux comprendre la géologie de ce coin qui par ailleurs reste très mal connu. Mais ceci n’est pas le sujet de cette petite histoire! Toujours est-il qu’à un moment donné de cette expédition, nous avons été amenés à étudier une petite chaîne de montagnes située près de la frontière avec cet immense pays qu’est la Russie. Nous étions alors plein d’enthousiasme, de part les fabuleuses découvertes faites auparavant, au moment d’aborder cette magnifique région boisées, contrastant étonnamment avec les steppes arides du Sud de la Mongolie.

Ce que nous savions pas ou plutôt refusions de le savoir, c’est qu’à la frontière russo-mongole un périmètre variant entre 20 et 40 km de largeur (cela dépend des secteurs) est irrémédiablement interdit à tout étranger qui n’a pas eu la présence d’esprit ou bien le temps nécessaire de demander une autorisation auprès des autorités et des militaires mongoles. Sur de notre ignorance, nous décidions donc de faire une petite coupe géologique de cette chaîne de montagnes dont la bordure nord coïncide avec la limite sud de cette fameuse zone si hermétiquement fermées aux étrangers. Zone dans laquelle ce trouve un charmant petit village qui répond au doux nom de Tushig !! Tout ça pour vous dire qu’à un moment donné nous étions à l’extrême nord de la coupe géologique, et au lieu de rebrousser chemin comme nous l’avions envisagé dans un premier temps, nous avons pris l’initiative comme un accord commun de continuer jusqu'à Tushig. Histoire de dire bonjour à tous les habitants et avec l’espoir peut-être qu’une âme charitable nous offrirait une petite mousse pour notre dur labeur géologique.

Erreur fatale! Nous nous sommes jetés naïvement dans la gueule du loup. Suite à l’accueil chaleureux, mais non dénué d’hypocrisie, du maire de Tushig, celui-ci nous pria tout souriant de rendre visite au seul agent assermenté du village qui fit preuve d’une réelle diplomatie à notre égard. A vrai dire, à ce moment là nous étions tous un peu perdu! Qu’allait-il arriver par la suite? Etions-nous prisonniers à vie de crocs de Tushig? Nous étions d’autant plus désemparés que ce policier, qui d’ailleurs ne faisait aucun effort pour converser avec nous, voulait nous confisquer nos passeports. Essuyant nos refus catégoriques, il nous demanda alors d’attendre une délégation militaire qui était à ce moment là et en conséquence de notre présence ici, dépêchée par la caserne de Sühbaatar, bourgade tout aussi charmant à vrai dire que Tushig et situé à une centaine de kilomètres (à vol d’aigle). Nous avons donc du patienter à certain temps afin d’attendre cette délégation extraordinaire. Enfin, face à l’interminable attente et après avoir pris quelques photos devant le commissariat, notre groupe de géologues c’est donc en toute logique scinder en deux, avec l’accord de notre policier bien aimable. L’un des deux groupes dont je faisais parti est retourné en direction de notre camp. Nous en avons aussi profité pour compléter la coupe géologique que nous avions projetée de faire en début de journée. Le deuxième groupe, quant à lui, est resté à Tushig, afin d’attendre l’arrivée de la délégation et d’éclaircir toute cette affaire. La suite des événements de Tushig m’est donc parvenue seulement le soir, au camp, quand tous les participants de l’excursion géologique se sont retrouvés. Ainsi le deuxième groupe a donc eu l’occasion de rencontrer un groupe de militaire dont un particulièrement véhément qui leur expliqua courroucé qu’il s’agissait d’une zone interdite, que nous n’aurions pas du venir ici et que nous sommes convoqués le lendemain à 11h (si me souvenirs sont exactes) à la caserne de Sühbaatar pour répondre de notre acte devant le colonel. Ce militaire qui joua pleinement son rôle, nous expliqua que nous risquions alors une peine de deux semaines de prisons. Ayant pris acte de ce dernier point, nous conclûmes qu’il était plus judicieux de ne pas être en retard à notre convocation le lendemain. Ainsi, à Sühbaatar à 11h du matin, je me retrouvai avec un autre membre de notre groupe et notre chauffeur mongol, devant une personne que nous prîmes tout d’abord pour le colonel et qui nous accueilli dans une salle, dans laquelle il était en train de jouer au billard… Enfin bon, au bout d’un moment nous comprîmes que ce n’était pas le colonel puisque nous avons par la suite rencontré l’homme promis et que cette personne était seulement là pour nous faire poiroter.

Le début des discussions avec le colonel (le vrai) était très difficile parce qu’il refusait de nous écouter. De plus, ne parlant pas l’anglais (ou ne voulant pas parler anglais) tout comme notre chauffeur mongol d’ailleurs, les messages qui nous tentions de nous échanger étaient peu compréhensibles. Cependant, après moult discussions et coups de téléphone avec notamment l’ambassade de France en Mongolie, nous avons pu échapper à la prison, mais avons du payer, au service d’immigration mongole, une amende qui s’élevait à environ 70 euros par personnes.

Enfin il y a plein d’autres choses, mais je crois que je vais m’arrêter là pour le moment.

Gengis

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